Instagram Shopping :
une vitrine séduisante mais volage
Peut-on vraiment transformer une envie passagère en achat réfléchi sur une plateforme façonnée pour l’image ? Instagram est sans doute l’un des espaces les plus puissants pour capturer l’attention. On y entre pour admirer, suivre des tendances, découvrir des univers visuels qui nous intéressent.
Mais cette esthétique assumée ne rime pas toujours avec conversion. Le shopping, sur Instagram, s’invite après coup : en tag sur une photo, en lien discret dans une story, en coin d’écran dans une vidéo. Ce n’est pas la fonction première du réseau, bien qu’elle se soit transformée depuis et qu’elle y tend. Mais actuellement les publicités s’invitent entre des posts et stories qui n’ont rien à voir les uns les autres. Ce glissement constant entre l’image de soi et la vitrine produit rend parfois l’expérience d’achat moins fluide, presque accessoire.
Pinterest : la plateforme des intentions claires
Pinterest, lui, c’est un autre décor. On n’y va pas pour voir ce que font les autres, mais pour préparer ce qu’on fera soi-même. C’est la grande force de la plateforme : elle se nourrit d’intention. Quand une personne tape “décoration chambre enfant pastel” ou “idée tenue mariage civil”, elle est déjà en posture active. Elle cherche, elle compare, elle planifie. Elle est prête à convertir.
Conversions durables : un terrain de jeu à long terme
J’ai vu cette distinction de manière très concrète en accompagnant plusieurs marques. Pour une enseigne de bijoux artisanaux, nous avons lancé des campagnes sur Instagram et Pinterest avec un budget similaire. Sur Instagram, les visuels étaient engageants, les stories animées, les influenceuses bien choisies. Et pourtant, les conversions restaient timides. Beaucoup de vues, de clics, donc un boost de notre visibilité mais peu d’ajouts au panier.
Sur Pinterest, qui inclut une publicité native, les mêmes produits ont été intégrés à des univers de visuels cohérents : « idées cadeaux de février », « look bohème chic », « bijoux fait main pour mariage ». Résultat ? Des clics moins massifs, mais plus qualifiés. Un taux de conversion presque doublé. Les utilisateurs ne venaient pas par hasard, ils étaient en recherche active. Et cette recherche crée une valeur que le like ne peut pas mesurer.

Un parcours utilisateur fluide et productif

Ce qui rend Pinterest si intéressant, c’est sa capacité à accompagner un besoin plutôt qu’à susciter un désir immédiat. C’est une plateforme qui écoute l’intention. Chaque recherche, chaque tableau créé, chaque épingle enregistrée fait partie d’un projet. On ne scroll pas pour passer le temps, on cherche pour réaliser quelque chose. Et dans ce contexte, les produits prennent tout leur sens.
Je ne dis pas qu’Instagram est inefficace. Il peut créer de véritables coups de foudre visuels, des déclencheurs d’achat presque impulsifs. Mais cette logique repose sur le coup d’œil, pas sur la réflexion. Pinterest, lui, offre un parcours plus discret mais plus solide. C’est un réseau qui sème, pas qui brûle. Et dans le marketing, semer peut rapporter bien plus loin.
Le contenu evergreen : Pinterest ne dort jamais
Un autre point qui mérite d’être souligné, c’est la durabilité du contenu. Une story Instagram s’évapore en 24h, un post peut vite être noyé sous les suivants. Sur Pinterest, une épingle peut continuer à générer du trafic pendant des mois, voire des années. C’est l’effet boomerang du contenu evergreen. Ce que je publie aujourd’hui peut rapporter demain, dans six mois, dans deux ans. Pour une stratégie marketing orientée conversion, c’est un avantage de poids. On investit dans une présence pérenne, pas dans un feu de paille.
Des données riches et une intention limpide
Et parlons des données comportementales. Pinterest connaît les centres d’intérêt de ses utilisateurs avec précision. Ce n’est pas un algorithme qui vous pousse des contenus juste parce que vous avez regardé une vidéo de chat une fois à 2h du matin. Non, ici, l’algorithme alimente des tableaux de projets de vie : “organisation de mariage champêtre”, “déco salon minimaliste”, “routine skincare bio”. En tant que marque, c’est comme avoir un GPS intégré dans l’esprit de son audience. On sait où elle veut aller, on peut donc l’y accompagner avec tact… et des produits bien placés.
Un canal de vente à effet retard… mais durable
Je me rappelle aussi d’une autre campagne menée pour une marque de cosmétiques naturels. Sur Instagram, les résultats dépendaient très fortement du boost publicitaire. Dès qu’on coupait le robinet, les clics s’arrêtaient. Sur Pinterest, même après la fin des campagnes sponsorisées, les épingles continuaient de ramener du trafic qualifié. Un peu comme ces plantes qui continuent de fleurir longtemps après la pluie. C’est ça, l’effet Pinterest : une croissance organique qui dure, qui s’installe, qui ne demande qu’à être entretenue.
Deux approches, deux rythmes : le coup de cœur contre la planification
Alors, Pinterest peut-il surpasser Instagram Shopping ? Tout dépend de ce qu’on cherche. Si l’objectif est la notoriété, la viralité, l’image de marque, Instagram garde une longueur d’avance. Mais si l’on parle d’expérience utilisateur fluide, d’intention précise et de conversion durable, alors Pinterest tire clairement son épingle du jeu.
Ce n’est pas une question de mieux ou de moins bien. C’est une question d’adéquation entre le comportement des utilisateurs et les objectifs des marques. Instagram, c’est le rayon tendance d’un grand magasin. Pinterest, c’est le carnet d’idées où l’on prépare ses futurs achats. Et dans cette opposition apparente, il y a surtout deux manières de vendre : en brillant, ou en guidant.
Instagram, c’est le coup de foudre. Pinterest, c’est le mariage réfléchi. Et entre les deux, quand il s’agit de conversion, je préfère miser sur une relation longue durée.
